Après treize années de présence au ZooParc de Beauval, le couple de pandas géants Huan Huan et Yuan Zi a quitté la France. Leur départ, motivé par des questions de santé, met un terme à une période pour le zoo. Retour sur l’histoire, le bilan, et les enjeux du retour de ces pandas en Chine.
Un départ précipité : un moment émouvant pour le ZooParc de Beauval
À la fin de novembre 2025, Les deux pandas, Huan Huan et Yuan Zi ont pris la route ou plutôt les airs vers la Chine. ( D’après libération ) Leurs nombreux amis, soigneurs et vétérinaires du ZooParc de Beauval, ont organisé leur départ dans le plus grand soin : caisses adaptées, bambous frais, accompagnement vétérinaire, et un ultime “goûter public d’adieu” pour leur permettre de dire au revoir aux visiteurs.
La décision de leur retour anticipé avait été motivée par l’état de santé de Huan Huan : une insuffisance rénale a conduit les équipes à juger préférable un rapatriement en Chine, dans un cadre plus adapté pour ses soins. Cette mesure visait à garantir leur bien-être, plutôt que de prolonger un séjour devenu risqué. Ce départ officiel ne signifie pas une simple fin d’un prêt, mais l’aboutissement d’un protocole réfléchi, pour le bien-être des animaux.
Le jour du départ, l’émotion était au rendez-vous. Plusieurs soigneurs présents ont confié à quel point ces pandas avaient marqué leur quotidien, generation après generation de visiteurs. Pour beaucoup, c’était la fin d’une ère vécue.
13 ans de présence en France : un bilan riche entre réussites et responsabilités
Quand Huan Huan et Yuan Zi sont arrivés à Beauval, c’était dans le cadre d’un prêt international, symbole de coopération entre la Chine et la France. À l’époque, peu d’endroits en Europe pouvaient se vanter d’abriter des pandas géants. Leur arrivée en 2012 a donc immédiatement attiré l’attention médiatique, mais surtout suscité un espoir fort : celui de contribuer à la préservation de l’espèce. ( france 3 )
Ce prêt, initialement prévu pour dix ans, avait été prolongé à plusieurs reprises jusqu’à 2025 ce qui montre la confiance accordée par les autorités chinoises au ZooParc de Beauval, mais aussi la qualité des soins et de l’environnement offerts par le zoo.
L’un des plus grands succès de cette période a sans doute été la naissance du premier panda né en France en 2017, ( d’après BFMTV ) fruit de la reproduction de Huan Huan et Yuan Zi. Cet événement a marqué non seulement l’histoire du zoo, mais aussi celle de la conservation des pandas en Europe.Quelques années plus tard, le couple a de nouveau réussi à donner naissance à deux petites femelles, jumelles, en 2021. Ces naissances à renforcer la mission de conservation et de recherche du zoo : elles permettent d’étudier le développement, le comportement, la génétique, et surtout d’espérer un avenir pour l’espèce hors de Chine.
Au-delà de la reproduction, Huan Huan et Yuan Zi ont profondément changé le visage du ZooParc de Beauval. Leur présence a attiré des centaines de milliers de visiteurs chaque année des familles, des amoureux de la nature, des passionnés. Beaucoup de visiteur venaient surtout pour eux, ce qui a permis au zoo de financer et de développer des infrastructures, des programmes éducatifs, et de sensibiliser le public à la conservation de la biodiversité.
Pourquoi maintenant ? Les raisons d’un retour anticipé
La décision de rapatriement ne s’est pas faite dans l’urgence, mais après des bilans vétérinaires et des discussions entre le zoo et les autorités chinoises. L’insuffisance rénale de Huan Huan, combinée à son âge, faisait courir un risque pour son avenir. Continuer de vivre loin de leur habitat d’origine, malgré les soins, pouvait compromettre leur qualité de vie.
Envoyer les pandas en Chine, c’était leur garantir un environnement plus adapté, des soins spécialisés, et l’accompagnement d’équipes vétérinaires habituées aux pandas âgés. Ce choix, s’il a certainement coûté émotionnellement au zoo comme aux visiteurs, s’inscrit dans une logique de responsabilité : privilégier le bien-être animal plutôt que la simple présence d’un “attraction” de plus « Il est de coutume que les pandas, prêtés par la Chine, finissent leur vie où ils sont nés, au centre d’élevage et de recherche de Chengdu” déclare au Parisien le directeur du parc Rodolphe Delord.
Le prêt initial avait expiré depuis plusieurs années, mais avait été prolongé. Avec l’âge des pandas, et en tenant compte de la santé de Huan Huan, le retour en 2025 apparaît comme une conclusion logique. Ainsi, le départ n’est pas un abandon, mais une forme de respect pour les animaux, pour leur bien-être, pour ce qu’ils sont.
Après le départ : que devient le ZooParc de Beauval et les pandas ?
Les deux petites femelles nées en 2021 les jumelles restent pour l’instant à Beauval. Elles incarnent l’héritage biologique et symbolique de Huan Huan et Yuan Zi. Leur présence est un lien tangible entre le passé et l’avenir, un espoir pour continuer la sensibilisation, la reproduction, et le travail de conservation.
Néanmoins, un zoo sans pandas adultes emblématiques change : l’attractivité peut diminuer, l’émotion se transforme, mais le travail doit continuer. Le défi pour le zoo sera de réinventer son offre, de valoriser les pandas juvéniles, et de continuer à sensibiliser.
Après le départ du couple historique, les autorités chinoises ont évoqué la possibilité d’envoyer de nouveaux pandas géants en France. Ce type d’accords souvent baptisé “panda diplomacy” reste un outil de coopération internationale, mais aussi de conservation et d’éducation.
Si un nouveau couple venait, ce serait un nouveau départ pour le ZooParc : un espoir de renouer avec l’attractivité, de continuer les efforts de conservation, et de redonner aux visiteurs ce lien fort avec une espèce emblématique.
Mais rien n’est encore officiel : ce projet dépend de nombreux éléments accord international, conditions de transport, santé des animaux, et disponibilité d’un habitat adapté.
Un héritage durable entre souvenirs, éducation et réflexion
Le départ de Huan Huan et Yuan Zi met un terme à un cycle mais ouvre une période de réflexion sur ce que la présence de pandas a apporté, ce qu’elle laisse, et ce qu’elle peut inspirer.
Des milliers, peut-être des millions de visiteurs ont vu ces pandas, les ont observés, photographiés, ont appris leur nom. Pour beaucoup, c’était la première rencontre avec un animal aussi emblématique. Ce contact, cette émotion, a été un vecteur de sensibilisation à l’écologie, à la conservation, à la fragilité des espèces.
L’impact éducatif est fort : des enfants ont grandi en sachant ce qu’est un panda, pourquoi il est rare, pourquoi il faut le protéger. Le zoo, grâce à ces pandas, a pu diffuser des messages de préservation, d’engagement, de respect de la nature un héritage plus durable qu’un simple succès touristique.
La reproduction réussie en captivité, la gestion vétérinaire, l’accueil, l’éducation tout cela montre qu’un zoo peut s’il s’en donne les moyens participer à la conservation des espèces menacées. Huan Huan et Yuan Zi ont incarné ce rôle, prouvant qu’avec rigueur et respect, des pandas peuvent vivre, se reproduire, inspirer.
Leur départ rappelle aussi les limites de la captivité : les soins, la santé, l’âge, la fragilité l’espèce reste vulnérable. Le respect de ces contraintes est indispensable, et le zoo semble l’avoir compris.
