Le ZooParc de Beauval vient de vivre une page d’histoire forte en émotions. Ce mardi 25 novembre 2025, le couple de pandas géants, Huan Huan et Yuan Zi, a quitté le territoire français pour regagner la Chine. L’annonce, attendue mais redoutée, a créé un vide immense, ressenti autant par les dirigeants que par les visiteurs les plus fidèles, venus dès l’aube pour assister à leur départ.

Beaucoup se sont regroupés devant les grilles, certains avec des peluches, d’autres simplement pour voir une dernière fois ceux qui ont marqué la vie du zoo pendant plus d’une décennie. Ce départ, accéléré par la nécessité de soigner Huan Huan, atteinte d’une insuffisance rénale, marque la fin d’une mission scientifique et diplomatique de 13 ans.

Les deux pandas ont voyagé dans des conditions extrêmement sécurisées, escortés par la police et entourés d’un protocole minutieux. Leur transfert s’est déroulé dans le calme, les soigneurs indiquant qu’ils semblaient sereins et se sont même endormis dans leurs caisses spécialement aménagées.

Les 13 années qui ont rendu Beauval GÉANT

Depuis 2012, leur présence a joué un rôle déterminant dans la transformation du ZooParc de Beauval. Les pandas n’ont pas seulement été des animaux emblématiques : ils ont été un véritable moteur de développement. Avant leur arrivée, Beauval était déjà reconnu, mais leur installation a changé son statut. Ils ont attiré l’attention du public, des médias et des institutions, faisant du zoo un lieu de visite incontournable. Leurs comportements, leurs jeux, leurs rares apparitions publiques et leurs naissances ont fait d’eux des figures suivies quotidiennement. Chaque image d’eux déclenchait un fort engouement sur les réseaux sociaux, contribuant à installer Beauval dans une dimension nationale et internationale.

L’effet “Pandamania” et la transformation économique du zoo

L’impact sur la fréquentation a été spectaculaire. Avant 2012, le zoo accueillait environ 600 000 visiteurs par an. Très vite, l’effet Pandamania s’est traduit par des records successifs, avec un pic à 2 millions de visiteurs en 2022. Les files d’attente devant l’enclos des pandas sont rapidement devenues un symbole du site. Cette hausse a entraîné une croissance financière exceptionnelle :

– Le chiffre d’affaires a été multiplié par plus de trois, dépassant aujourd’hui les 100 millions d’euros.
– Ces revenus ont permis la construction du Dôme Équatorial, l’un des plus ambitieux projets du zoo, ainsi que la création d’un véritable parc hôtelier.
– Beauval est devenu le premier employeur privé du Loir-et-Cher, passant de 170 salariés permanents à plus de 600, sans compter les saisonniers mobilisés tous les ans.

Cette dynamique a bénéficié à tout le territoire. Les commerces, restaurants et hébergements environnants ont observé une hausse notable de leur activité. Beauval est devenu un pôle touristique majeur, comparable aux grands parcs d’attraction français.

Un succès scientifique et un engagement pour la conservation

Sur le plan scientifique, le couple a rempli sa mission avec succès. La reproduction des pandas est complexe, et pourtant, Beauval a réussi là où peu d’établissements y parviennent. Trois naissances ont marqué l’histoire du zoo :

En 2017, Yuan Meng, premier panda né en France. Puis vient en 2021, les jumelles Huan Lili et Yuan Dudu, ce fut un événement suivi dans toute la France.

Ces naissances ont renforcé la réputation du zoo comme acteur majeur de la conservation. Le succès commercial a permis à l’association Beauval Nature de financer des programmes essentiels en Chine, notamment l’achat de colliers GPS, l’équipement de réserves naturelles et des missions de réintroduction. Une partie de ces fonds soutient également des projets internationaux liés à d’autres espèces menacées. Pour Beauval, les pandas n’étaient pas seulement un atout touristique : ils étaient au centre d’un engagement réel pour la préservation de la biodiversité.

Le Panda, trésor national ou outil d’influence ?

La présence des pandas à Beauval s’inscrit dans la “diplomatie du panda”, tradition chinoise consistant à prêter ces animaux à certains pays comme signe d’amitié. Ce geste a donné au zoo une dimension politique inédite. Les cérémonies officielles, comme les baptêmes auxquels assistaient des personnalités telles que Brigitte Macron, témoignant de l’importance symbolique du couple. Beauval est ainsi devenu un lieu où se mêlaient enjeux de conservation et enjeux diplomatiques.

Cependant, cette stratégie suscite des critiques. L’association One Voice considère que les pandas sont utilisés comme un outil d’influence et dénonce leur exploitation. Sa présidente, Muriel Arnial, affirme que « ces pandas n’ont rien à faire dans un avion, ils devraient être dans une forêt de bambous ». Ce débat met en lumière les contradictions entre éthique et conservation. D’un côté, la captivité permet le financement de programmes cruciaux ; de l’autre, elle soulève des interrogations sur la liberté animale et la dépendance envers un modèle économique basé sur l’attractivité.

L’avenir de Beauval, avec la promesse d’un retour

Malgré la tristesse liée à leur départ, une perspective nouvelle s’ouvre. Les autorités chinoises ont rapidement assuré le public français : « Rassurez-vous amis français, de nouveaux pandas géants arriveront dans le futur ». Une déclaration qui a immédiatement redonné espoir aux équipes du zoo et aux visiteurs.

Beauval a confirmé vouloir entamer des discussions avec la Chine afin de poursuivre ce partenariat exceptionnel. Le zoo, désormais reconnu pour son expertise, souhaite accueillir de nouveaux pandas et continuer son rôle dans la conservation. Les soigneurs espèrent transmettre l’expérience acquise auprès de Huan Huan et Yuan Zi, tandis que le public attend déjà ce nouveau chapitre.