Meta face à la désinformation : entre stratégie différenciée et pressions réglementaires internationales 

L’annonce par Meta de l’abandon du fact-checking aux États-Unis, remplacé par des « notes communautaires », met en lumière le rôle crucial de la communication dans la gestion de crises et d’enjeux réglementaires. Alors que Mark Zuckerberg prône une vision élargie de la liberté d’expression, alignée avec l’administration Trump, Meta adopte une stratégie de communication différenciée selon les marchés. En Europe, où le cadre légal est plus strict avec le Digital Services Act (DSA), l’entreprise a choisi de rassurer les régulateurs en maintenant le fact-checking et en affirmant son respect des lois locales. Cette posture ambiguë, mêlant annonces controversées et efforts d’apaisement, illustre l’importance de la communication pour répondre à des attentes sociopolitiques variées et préserver l’image de l’entreprise à l’échelle mondiale.

L’article du blog du modérateur illustre bien … En effet, Meta a confirmé que l’abandon du fact-checking, annoncé pour Facebook et Instagram, reste limité aux États-Unis « pour le moment ». Ce changement, motivé par une volonté de Mark Zuckerberg de promouvoir une vision de la liberté d’expression alignée sur celle de Donald Trump, prévoit de remplacer les fact-checkers par des notes communautaires, similaires à celles de X (anciennement Twitter). Toutefois, selon Nicola Mendelsohn, responsable des activités mondiales de Meta, le programme ne sera pas étendu à l’Europe pour l’instant, où les fact-checkers continuent de collaborer avec la plateforme. Mendelsohn a toutefois laissé entendre que cette décision pourrait évoluer.

En Europe, où le Digital Services Act (DSA) impose aux grandes plateformes de lutter activement contre la désinformation, un tel changement semble difficilement applicable. Clara Chappaz, ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique, a rappelé l’engagement de Meta France à respecter le DSA et à maintenir le fact-checking en place. Ce cadre légal impose également des mesures strictes contre les contenus haineux, renforcées par un « code de conduite » signé par Meta et d’autres plateformes sous l’égide de l’UE.

La communication de Meta sur ce sujet semble calculée : tout en annonçant un changement controversé aux États-Unis, l’entreprise rassure les régulateurs européens en affirmant son respect des règles locales. Cependant, la posture reste ambivalente, car certaines déclarations et politiques laissent transparaître une flexibilité dans la modération des discours haineux, qui pourrait poser problème à l’avenir en Europe. En jouant sur des messages ciblés selon les marchés, Meta cherche à concilier ses nouvelles orientations avec les exigences légales et les attentes sociopolitiques variées.

Lien de l’article du blog du modérateur : https://www.blogdumoderateur.com/meta-confirme-abandon-fact-checking-limite-etats-unis/

En reaction a cette annonce, d’autre pays européen se sont exprimé. C’est le cas de l’Allemagne ou encore de l’Espagne . Dans l’article de Reuters, on apprends que Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur, a demandé aux plateformes numériques (Google, Meta, Microsoft, X et TikTok) d’intensifier leurs efforts pour contrer la désinformation. Elle a mis l’accent sur des mesures de communication claires : rendre les publicités politiques identifiables, étiqueter les vidéos manipulées par IA et rendre les algorithmes plus transparents afin d’éviter les processus de radicalisation, notamment chez les jeunes. Faeser a également rappelé aux entreprises leur obligation de signaler rapidement les contenus criminels, comme les menaces de mort, et de les supprimer.

Cette démarche s’inscrit dans un contexte international où Meta a récemment abandonné son programme de fact-checking aux États-Unis, tandis que Mark Zuckerberg s’est aligné avec l’administration Trump pour limiter les régulations, y compris en Europe. Parallèlement, Elon Musk, propriétaire de X, est critiqué pour son rôle dans la promotion de discours polarisants, notamment en faveur de l’AfD.

Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, a abordé ce sujet lors du Forum économique mondial de Davos, accusant les plateformes de « poisonner la société » et d’éroder la démocratie avec leurs algorithmes. Ces initiatives montrent que la communication est au cœur de la lutte contre la désinformation. Les gouvernements insistent sur la nécessité d’une communication transparente de la part des plateformes : identifier les contenus problématiques, responsabiliser les algorithmes et rassurer les utilisateurs sur la fiabilité des informations en ligne.

Lien de l’article du Reuters : https://www.reuters.com/technology/berlin-urges-tech-firms-do-more-stop-disinformation-ahead-vote-2025-01-22/?utm_source=chatgpt.com

La place centrale de la communication dans les décisions de Meta souligne les défis auxquels les plateformes numériques sont confrontées : concilier leurs ambitions commerciales, les pressions réglementaires et les attentes sociétales. En multipliant les messages ciblés – comme rassurer l’Europe tout en annonçant des changements aux États-Unis – Meta illustre l’usage stratégique de la communication pour gérer des perceptions différenciées. Toutefois, la réaction de pays comme l’Allemagne et l’Espagne montre que les gouvernements attendent davantage de transparence et de responsabilité dans la lutte contre la désinformation et les discours haineux. Ce contexte met en évidence un impératif : les plateformes doivent non seulement respecter leurs obligations légales, mais également maîtriser leur communication pour préserver leur crédibilité et jouer un rôle actif dans la défense des démocraties modernes.

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