Ce 25 novembre 2025, une page s’est tournée au zoo de Beauval. Le parc a fait ses adieux à ses deux pandas géants emblématiques, Huan Huan et Yuan Zi, présents depuis treize ans et devenus de véritables symboles du site. Leur départ anticipé vers la Chine, initialement prévu pour 2027, a été avancé en raison de l’état de santé fragile de la femelle Huan Huan, aujourd’hui atteinte d’une insuffisance rénale. Une décision lourde, prise conjointement par les équipes vétérinaires françaises et chinoises, pour permettre une prise en charge médicale plus poussée dans le centre spécialisé de Chengdu.

Après 13 ans de cohabitation, les soignants et les admirateurs soulignent un vide après eux.
Dès six heures du matin, l’émotion était vive pour les soignants très tôt ce matin au départ du convoi. Ces derniers, qui se portaient près d’eux depuis plusieurs années, se disent particulièrement touchés par leur départ, ils laissent alors un “vide” dans le quotidien des équipes, habituées à veiller sur eux chaque jour, quelle que soit la météo ou la saison. Delphine, soignante au zoo de Beauval, s’est occupée d’eux pendant 13 ans. Elle déclare sur RTL : « J’ai beaucoup d’émotions. Je m’y prépare depuis longtemps, comme toute l’équipe. Malheureusement, cela fait partie de notre métier de soigneur : de voir arriver des animaux, et de les voir partir ».
Mais ce n’est pas seulement le personnel du parc qui s’est rassemblé pour ce moment historique. Selon Le Figaro, près de 200 personnes avaient fait le déplacement dès l’aube pour tenter d’apercevoir une dernière fois Huan Huan et Yuan Zi à travers les vitres de leur enclos ou au moment du passage du convoi. Entre banderoles, peluches pandas et photos souvenirs, l’émotion était palpable.
Le directeur du zoo, Rodolph DELORD se dit touché de ce départ, il était allé les chercher en Chine il y a 13 ans.
La diplomatie du panda : le zoo de Beauval au centre des relations franco-chinoises.
Les deux pandas étaient arrivés au zoo de Beauval en 2012, prêté en cadeau par la Chine. Cette arrivée s’inscrivait dans un programme de « diplomatie du panda », pratique que la Chine utilise depuis plusieurs décennies pour renforcer ses relations diplomatiques notamment avec la France. Une date importante dans la “diplomatie du panda” qui lie la Chine à la France. Utilisé comme outil d’influence, l’arrivée de ce couple avait déjà suscité à l’époque beaucoup d’engouement notamment sur les réseaux sociaux. On parle alors d’un phénomène de “pandamania”.
Devenu des mascottes du zoo, Huan Huan et Yuan Zi ont désormais leur fan club et attirent ainsi un nombre de visiteurs toujours plus important. En 2023, le zoo de Beauval enregistre alors deux millions de visiteurs et 113 millions d’euros de chiffre d’affaires. La Chine et la France ont d’ailleurs réaffirmé leur volonté de poursuivre cette coopération. Monsieur DELORD, espère ainsi prolonger le partenariat. Le chargé d’affaires de l’ambassade chinoise à Paris, Chen Dong, à quant à lui déclaré : “Rassurez-vous amis français, de nouveaux pandas géants arriveront dans le futur”. L’accueil de ces pandas représente une opportunité importante pour le zoo. Selon le journal Libération, “Seulement une vingtaine de parcs zoologiques en dehors de Chine accueillent ces herbivores”, une opportunité hors norme pour le zoo d’en faire partie. La Chine prévoit également d’envoyer prochainement en France des singes dorés, une autre espèce rare, renforçant encore les échanges scientifiques et diplomatiques entre les deux pays.
La journaliste Coralie DIOUM a affirmé ainsi sur LCI “un signe d’amitié” de la Chine envers la France “mais également un moyen d’entretenir des liens politiques et économiques très forts entre les deux pays”. Au-delà de ce “coup de pub”, c’est selon elle, un moyen d’assurer une mission de conservation de l’espèce. Et de fait, la reproduction du couple a été un véritable succès. Huan Huan et Yuan Zi ont donné naissance à trois petits. Le premier, Yuan Meng, est déjà reparti en Chine. Les deux jumelles, nées en 2021, resteront en France jusqu’en janvier 2027.
“Ces pandas n’ont rien à faire dans un avion”
Cependant, ce départ ne fait pas l’unanimité. Pour certaines associations de défense des animaux, ce transport intercontinental demeure problématique.
Muriel Arnal, présidente de One voice, dénonce alors sur Huffpost l’exploitation commerciale de ces animaux à des fins économiques et politiques au détriment de leur bien-être. Elle critique tout particulièrement les conditions du trajet, même si le zoo de Beauval a détaillé les précautions prises : Huan Huan et Yuan Zi voyagent chacun dans une grande caisse blanche d’1,50 mètre sur 2 mètres, garnie de bambous frais près de 180 kilos et de jerricans d’eau. La température est maintenue autour de 20 °C et les animaux sont accompagnés de soigneurs. Malgré ces mesures, Muriel Arnal estime que “ces pandas n’ont rien à faire dans un avion”, jugeant qu’un tel déplacement reste stressant et inadapté à ces animaux sensibles.